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Les smartphones envahissent les clubs et festivals, au grand désarroi de nombreux artistes. Entre ceux qui dénoncent un tue-l’ambiance et ceux qui exploitent leur viralité, faut-il bannir les téléphones des dancefloors ou accepter ce paradoxe moderne ? Découvrez ce débat qui agite le monde de la nuit.

Le constat d’une génération hyperconnectée

Dans un monde où le smartphone est devenu une extension de soi, les clubs de nuit sont confrontés à un dilemme : comment préserver l’expérience immersive de la musique électronique face à l’omniprésence des écrans ? De plus en plus de festivaliers, plutôt que de vivre pleinement l’instant présent, choisissent de capturer chaque moment pour le partager sur les réseaux sociaux. Ce phénomène a poussé de nombreux artistes et clubs à réagir.

Depuis plusieurs mois, de plus en plus d’artistes et de clubs expriment leur exaspération face à l’usage des téléphones dans les soirées et festivals. Des photos montrant des foules entières absorbées par leurs écrans ont circulé sur les réseaux sociaux, particulièrement lors de spectacles grandioses comme ceux d’Afterlife ou encore [Cell], le show d’Eric Prydz au Hï Ibiza. Ce comportement est désormais devenu courant, presque normalisé. Pourtant, il est clair que les spectateurs qui filment les shows semblent souvent plus concentrés sur leurs écrans que sur l’événement en lui-même.

Cela met en lumière l’opposition entre la volonté de capturer des souvenirs et celle de profiter de l’instant présent.

Les artistes et les clubs face au phénomène

De nombreux artistes et clubs ont exprimé leur inquiétude face à l’omniprésence des smartphones lors des événements. Des collectifs comme Afterlife, notamment Tale Of Us, ont souvent souligné leur désir de créer une expérience immersive où le public peut se connecter pleinement à la musique. Ils ont imposé la “No Phone Policy” aux shows du Hï Ibiza.
Des légendes comme Carl Cox ont également mis en avant l’importance de l’interaction directe entre l’artiste et le public, soulignant que les smartphones peuvent parfois créer une barrière. Peggy Gou, quant à elle, connue pour son énergie communicative, a également fait des commentaires sur l’impact de cette pratique sur la dynamique d’un set. James Hype et Meduza ont également proposé l’experience “No Phone” pour leurs shows “Our House”.

Bob Sinclar vient lui de poster une story en décrivant “la pire soirée de sa vie” devant cette foule hyper-connectée.

 

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Du côté des clubs, des initiatives ont été mises en place pour limiter l’utilisation des téléphones. Le célèbre Berghain à Berlin, par exemple, est connu pour son atmosphère unique et sa politique stricte en matière de photos et de vidéos. Fabric à Londres avait également expérimenté des casiers sécurisés pour encourager les clubbers à laisser leurs téléphones à l’entrée. De nombreux clubs ibériques, en particulier à Ibiza, ont exploré différentes approches pour créer un environnement plus immersif, où les festivaliers peuvent se concentrer sur l’expérience musicale. Cette semaine, c’est le Pikes Ibiza qui a étendu sa politique “No Phone” aux 7 jours de la semaine.

Comme l’a déclaré Tale Of Us : “Nous voulons créer un espace où les gens peuvent se connecter avec la musique et les uns avec les autres, sans être distraits par leurs téléphones.” Un clubber ayant vécu l’expérience du Berghain a résumé cela en ces termes : “À Berghain, on se sent vraiment transporté dans une autre dimension. Le fait de ne pas avoir son téléphone permet de se concentrer sur la musique et de vivre l’expérience à fond.”

Il est également à préciser que l’application de la “No Phone Policy” se résume souvent à la pose d’un autocollant (marketé évitement) sur l’objectif du smartphone.

L’envers du décor : marketing numérique et hypocrisie

Cependant, il ne faut pas perdre de vue des faits très objectifs : le marketing numérique aide les artistes à se faire découvrir et à évoluer. Afterlife est peut-être le plus grand gagnant de l’ère moderne de la communication numérique. Anyma et MRAK en ont fait leur fond de commerce via leur projet commun Tale of Us. Le partage de ces images grandioses filmées à coups de moyens vidéos dignes de certains matchs de foot est désormais à prérequis à leurs shows. images 4K, drones, écrans géants… tout est bon pour créer du contenu vidéo viral spectaculaire.

Des artistes tels que la Swedish House Mafia, Eric Prydz ou encore Martin Garrix produisent également du contenu à haute viralité. Le britannique James Hype se sert de son contenu pour valider son claim “Real DJing”. L’italienne Deborah De Luca a construit sa réputation à coup de vidéos mettant en valeur sa plastique plus que son talent. Enfin Alok, a certainement proposé les vidéos de drones les plus spectaculaires jamais diffusées lors des carnavals brésiliens.

Il ne s’agit que de quelques exemples parmi des dizaines. Mais est-ce que finalement, les artistes ne se rendraient pas totalement complices de ce qu’ils dénoncent ? Ce sont souvent les mêmes qui partagent à chaque date, une superproduction en format Reel ou TikTok les mettant en valeur.

Certains pourraient également interpréter cette critique comme une forme d’égocentrisme de la part des artistes, qui semblent privilégier leur propre expérience subjective à celle du public. Après tout, n’est-ce pas au spectateur, qui débourse souvent une somme importante pour assister à un concert, de choisir comment il souhaite vivre ce moment ?
Le fait de filmer ou de photographier un événement ne signifie pas nécessairement un manque de respect, mais plutôt un désir de créer des souvenirs personnels. Même si ces contenus ne sont que rarement visionnés par la suite, l’acte de capturer l’instant présent peut apporter une satisfaction particulière au clubber, qui se retrouve ainsi dans le rôle de “reporter en herbe”.

Claptone s’est d’ailleurs amusé du sujet en postant un laconique : “Les DJ’s qui se plaignent de l’utilisation des téléphones sont les mêmes qui postent du contenu après chaque date”. Validé.

Le débat est ouvert, mais il semble plutôt acquis qu’il sera très difficile d’interdire ces pratiques au public. D’ailleurs, est-ce que les artistes le désirent réllement ?

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